Comment le cheval perçoit-il le relation à l’humain lorsque celui-ci est sur son dos ?
Le principe de "référent" est transposable dans toutes les situations. Nous devons en permanence veiller à garder une posture référente qui met le cheval en confiance et dans le même temps toujours veiller à potentialiser son instinct grégaire. Il se sent serein et apaisé dans la conscience du troupeau. C'est cet esprit que nous devons reproduire dans la relation équestre.
Après cela, une fois que nous avons son attention et sa collaboration, il faut que nous apprenions à lui parler une langue qu'il comprend.
Il s'agit d'un langage binaire établi sur la base OUI et NON. Mais attention, car à l'instar du langage binaire des ordinateurs, le langage équestre va peu à peu s'enrichir d'une multitude de nuances et de déclinaisons.
Tout cela se met en place par des exercices au sol qui permettent de réexpliquer avec patience. Les chevaux comprennent tous très vite. La difficulté se trouve du côté du cavalier qui doit apprendre à codifier ses gestes et surtout à les nuancer, car le cheval perçoit une mouche qui se pose sur sa croupe. De fait, des contacts trop fermes ressemblent à des hurlements pour le cheval ...
La subtilité doit être de mise.
Mais surtout, le cheval réagit par résonance morphique et émotionnelle. Autrement dit, il perçoit toutes nos intentions avant même qu'ils ne se traduisent en gestes.
Il synthétise en permanence à la fois les infos qu'il perçoit avec nos émotions qu'il ressent également par résonance.
Tout l'art de l'équitation et du langage équestre consiste à mettre tous ces éléments en phase.
Dans les faits, la plupart des cavaliers parlent le "petit nègre" aux chevaux qui sont devenus au fil du temps des experts en déduction.
Regardez l'approximation des gestes des cavaliers, la nature des matériels utilisés et vous comprenez la stupidité du paradigme équestre actuel.
François BAUCHER le disait déjà au XIXème siècle dans ses Quatrièmes dialogues entre Dieu, un cavalier et un cheval.
Ce n'est qu'après tout ce préalable que vient l'équitation avec les aides que nous connaissons, mais dénuée de tout matériel qui procure de l'inconfort ou de la douleur car cela active l'instinct de fuite et annihile toute collaboration harmonieuse établie sur la confiance référente.
C'est cela parler intelligemment au cheval.
Pour répondre à cette question, par le travail préalable, par un langage intelligent et cognitif au sol, si le cheval vous identifie es-qualité référent, que vous soyez à côté de lui ou en selle, son attitude bienveillante et collaboratrice sera la même. Car il résonne et raisonne à notre langage.
L'approche pédagogique est la même qu'avec un enfant.
Quand il apprend à écrire, il apprend d'abord à tenir la plume correctement, puis il apprend le geste des pleins, des déliés, ... puis il commence à écrire des syllabes, puis des mots et enfin des phrases.
La pédagogie équestre fonctionne de la même manière.
Chaque action doit donner lieu à une petite caresse, juste un contact d'un doigt qui valide. Pour ma part, je n'utilise pas de nourriture pour le renforcement positif. Car à l'instar des enfants, les chevaux préfèrent se sentir aimés que de recevoir ponctuellement une friandise pour une action effectuée.
Cela renforce de surcroît son instinct grégaire et potentialise votre position référente.
Ainsi, avec une relation référente préparée avec bienveillance et patience, un langage binaire intelligent, vous ouvrez le chemin de la basse-école puis de la haute-école bien plus facilement que par tout moyen coercitif.
Car les chevaux aiment apprendre à condition que l'on se mette à leur portée de manière pédagogique et bienveillante surtout.
Et bien sûr, un travail de contrôle des pensées et des émotions du cavalier sera salutaire pour ne pas polluer le lien qui unit les deux consciences.
C'est cela l'équitation de pleine conscience, une équitation respectueuse et intelligente établie sur une collaboration bilatérale.
Il suffit d'essayer pour en prendre conscience.
Francis Stuck
Photo : Allycia Stuck sur Timoneiro, étalon luso-arabe
